« Écrire, c’est une façon de parler sans être interrompu. », écrivait Jules Renard.

Communiquer est une des raisons qui m’ont menées à l’écriture.

Car… que se passe-t-il quand on est dans l’incapacité de verbaliser l’essentiel ? Quand on n’a aucune idée des codes pour se faire comprendre ? Ou quand on souffre sans arriver à l’exprimer ?

Poussé dans ses retranchements, on se débat, on tempête, on peut finir par faire n’importe quoi pour se faire entendre.

Depuis longtemps je vis à côté de mon corps, cet étranger au langage mystérieux. Je n’ai jamais cherché à le comprendre, ne lui accordant que peu d’importance.

Heureusement têtu, il persiste à communiquer et… vient la maladie comme expression de ce besoin irrépressible de montrer qu’il est là, qu’il faut tenir compte de lui. Car lui, agit pour le tout.

Il est déjà bien tard lorsqu’il parle douleurs ou destruction.

Mais je n’aime pas juger une cause désespérée. Son message passe à travers la dystonie, soit ! Je peux apprendre, je peux le rejoindre à la croisée de mes deux mondes : au point de rencontre entre rêves, où tout est possible et dans lesquels j’évolue libre et sans crainte, et réalité, là où mes peurs me freinent, mes fausses croyances m’interdisent…

 

                        Rêv-alité

 

Errances immobiles

Sous de clémentes marées,

Mes yeux ont dessiné des îles

Au plafond dépouillé

 

Flânant de draps en lianes

Aux sons des lyres, envoutée,

De la toile des chamanes

Exhale l’essence vanillée

 

Couchant l’astre incandescent

Dans ma pupille embuée,

De quelques refrains lissant

Ses cercles d’huile cuivrés

 

Le jour doucement s’éteint

Ô troublante ma pensée

Fiévreuse coule en bain

Ici et lasse, immergée

 

Trompant la solitude

Sur des fils dénudés,

Par de mauvaises habitudes

L’équilibre est menacé

 

Entre les spasmes, une caresse,

Corps par l’accalmie leurré,

Se muent dans l’ivresse

Les éclats de la cité

 

Des oiseaux exotiques

Sifflent sur mon oreiller,

De leurs chants mécaniques

Mon ampli est saturé

 

Ultime appel du large,

La sirène brise l’unité,

Reviennent à la marge

Les émotions refoulées

 

Flirtant avec les limites

De mon esprit étriqué

Le paradis me quitte

Ou double la vérité

 

Dans mes brumes cheminent

De vieilles peurs étouffées,

Par-delà les collines,

Vite m’auront retrouvée

 

Lorsque sous un même ciel

Tout peut être contemplé,

Dans le noir, le potentiel

Se plaît à se révéler

 

Dépassant les frontières

D’une vie trop formatée

J’explore la clairière

Où rêves font réalité

(Juillet 2018)