La caravane des Besulas

Roman fantastique (12 ans)

Par-delà les terres, bien après les étendues grises, les rouleaux capricieux, au-delà de ce que l’on pouvait nommer, existait-il encore quelques secrets de vents insaisissables, de lumières aux spectres inconnus de l’homme ? J’aimais croire que cette quête nous la désirions ardemment, un besoin irrépressible de découvertes, une recherche perpétuelle de l’origine ou d’un légendaire eldorado.

Un peuple aventurier… belle utopie ! Inlassablement pourtant je rêvais. Je rêvais sève du voyageur coulant dans nos veines. Tous, viscéralement nomades, avides de rencontres, nomades, vivants et libres, nomades par choix, non par nécessité.

Mais l’image était illusion, mirage ; il fallait partir, c’était cyclique et immuable. Bien des générations l’avaient fait avant nous et de nombreuses le feraient après. Personne n’aurait osé remettre cela en question.

L’océan lançait son invitation pressante, nous nous en remettions entièrement à lui et sous sa protection nous étions comme envoutés. Le courant puissant montrait la voie, nous éloignant de toute malédiction. Nous étions élevés dans cette culture, l’océan nous berçait quotidiennement, l’océan trempait nos attaches, nos souvenirs, détrempait nos volontés, l’océan commandait et nous nous laissions emporter.

Personne ne savait vraiment pourquoi il nous fallait partir, même les adultes l’ignoraient. Certains vieux qui n’avaient plus toute leur tête chuchotaient les mots fuite et peuple maudit. Mais lorsque nous osions en demander plus, les langues se gelaient et les adultes haussaient les épaules en disant qu’il fallait simplement suivre la tradition.